Il y a bientôt un an, Mathieu et Caroline décidaient de partir Voir le Monde. Pour cela, ils avaient tout prévu avant le départ : les préparatifs, leur itinéraire et bien sûr les plateformes en ligne pour le récit et partage de leur expérience : leur blog, facebook, twitter, flickr, etc…
Nous les avions rencontrés en avril 2010 à J-7 de leur départ ainsi qu’à la première grande étape de leur tour du monde, en Chine.
Aujourd’hui, avec bientôt quatre continents et 14 pays au compteur (chapeau !) nous les avons contacté pour leur poser quelques questions à un mois de leur retour à la routine quotidienne… ou pas !
Ce tour du monde vous a-t-il déjà transformé ? En quoi ?
Certainement, mais il est encore trop tôt pour en mesurer l’impact. Il est en effet difficile pour nous d’être à la fois dans notre tour et de prendre en même temps du recul. Nous avons cependant rapidement remarqué que les Parisiens qui étaient en nous ont vite disparu. Nous sommes bien-entendu beaucoup moins stressés, l’inverse aurait été inquiétant, et aussi beaucoup plus ouverts et disponibles pour faire des rencontres, partager.
Sept jours avant votre départ, vous disiez que l’une de vos attentes avec ce tour du monde était de prendre du recul. En quoi cela se concrétise une fois sur la route ?
Il s’agit tout simplement de pouvoir appuyer sur pause. Ne plus être un simple sujet dans un flot d’informations, ne plus courir après toutes ces choses qui vous éloignent souvent de l’essentiel. Se concentrer tout simplement sur l’expérience que nous sommes en train de vivre, sur les rencontres que nous faisons. Prendre le temps aussi de réfléchir à ce que nous voulons faire de nos vies en dehors de toute pression sociale. Mais l’objectif premier de cette expérience était de prendre le temps de se perdre, de s’oublier, de laisser son quotidien pour mieux s’ouvrir à tout ce qu’un tel voyage peut offrir. Nous ne savons pas à l’heure actuelle si cette expérience sera une parenthèse dans nos vies ou un tournant.
À quelques semaines de votre fin de parcours, appréhendez-vous votre retour dans un train de vie plus « routinier » ?
Nous n’appréhendons pas notre retour car nous savons que d’autres projets vont suivre… Nous avons hâte de revoir nos familles et nos proches, et de retrouver toutes ces petites choses qui font de notre pays une terre si agréable. Mais effectivement, nous avons conscience qu’après cette première phase de retrouvailles, il y aura sûrement celle où on s’apercevra que finalement rien n’a fondamentalement changé en notre absence… C’est une des raisons, pas la principale, pour laquelle nous avons pris la décision d’aller vivre à l’étranger à notre retour. Une bonne manière pour nous de mettre de nouveau à l’épreuve notre capacité d’adaptation !
Quel est votre plus beau souvenir ?
Aussi bizarre que cela puisse paraître nous avons l’impression de vivre dans un présent continu depuis notre départ. Sûrement le signe que nous sommes à 100% dans notre voyage ! Le plus beau souvenir est donc aujourd’hui le plus proche : la découverte des chutes d’Iguazu, le lever du soleil dans le désert d’Atacama sur la pierre du Coyote, l’entrée dans la vallée de la mort, ou peut-être la dégustation d’un lomo saltado dans un chifa d’Arequipa au Pérou ou encore un petit cortado à Salta en Argentine… Le tri est tellement compliqué…. car il y a aussi, plus loin dans le temps, ce trek à la montagne en Birmanie, ou celui sur la Grande Muraille de Chine ou encore la découverte du Sento avec nos amis japonais. Et aussi ce premier Bento dans le Shinkansen, ou encore ce repas dans cette famille de pêcheurs à Mamalapuram en Inde ou cette balade en vélo avec Sophie à Hampi, ou peut-être cette journée chez Ba Ba au Vietnam à déguster des banh xeo maisons ou encore ce nouvel an à camper au bord d’une rivière sur l’île du Sud en Nouvelles Zélande. En choisir un est beaucoup trop difficile car ils arrivent par paquets de 10, 20, 30 !
Vous aussi avez envie de voir en images ces merveilleux paysages ? Rendez-vous ici.
Une rencontre inoubliable…
Nous avons fait tellement de belle rencontres… une des plus émouvantes est sûrement celle avec cette famille birmane à Bagan, qui a tout perdu suite à une escroquerie et qui survit tant bien que mal aujourd’hui.
Une galère à raconter…
Notre plus grosse galère à ce jour a été notre départ. Un fameux 15 avril 2010, lorsque le ciel européen a été paralysé par les cendres d’un volcan islandais. Nous avons été bloqué une semaine à Londres et avons même dû rentrer en France en attendant de pouvoir repartir. Mais nous en rigolions : le tour du monde le plus court de l’histoire, nous l’avons fait : Paris – Londres – Bruxelles – Paris… Et blague à part, cela nous a permis de nous préparer à notre retour. Dans le RER avec nos sacs à dos, assis à côté des costumes cravates, nous étions un peu lost in translation… et déjà partis dans nos têtes. Finalement, cela s’est avéré essentiellement une galère financière, puisque nous estimons le surcoût dû à ce volcan à presque 10% de notre budget annuel que nous n’avons jamais réussi à rattraper !
Une destination où vous aimeriez absolument retourner…
Pourquoi une, c’est le tour complet qu’on est prêt à refaire ! Nous aimerions vraiment pouvoir rembobiner la bande à un certain 15 avril 2010, le temps est passé si vite pendant cette année sur la route. Mis à part l’Australie qui ne nous a pas vraiment emballé, nous sommes prêts à signer tout de suite pour un Voir Le Monde 2. Nous savons aussi que lorsque nous avons quitté l’Inde, nous nous sommes promis de revenir un jour, pour faire le nord du pays et le Népal.
Changeriez-vous votre parcours si c’était à refaire ?
A vrai dire pas vraiment. Tout s’est parfaitement enchainé. Et si nous devions changer une chose se serait l’étape en Australie. Nous ne resterions pas aussi longtemps et nous la concentrerions uniquement sur la ville de Sydney et ceci afin de mieux profiter de la Nouvelle Zélande que nous avons adoré. L’Australie est plus compliquée à découvrir en van sur une période de quelques semaines, le pays étant immense, les distances à parcourir sont telles que cela enlève un peu d’intérêt au pays. Il faudrait alors prendre des vols intérieurs et encore augmenter le budget, déjà très élevé ! Nous remplacerions donc cette étape par un pays plus abordable où il faut moins se serrer la ceinture. Par exemple, le Laos ou le Cambodge en Asie ou la Bolivie, le Mexique en Amérique du Sud. Mais soyons clairs, l’expérience en Australie a été très belle, mais… ce que nous avons vu de ce pays ne nous a pas vraiment dépaysé.
Vous avez fait appel à la générosité de vos amis et fans pour aider une famille Birmane à sortir de la pauvreté. Pouvez-vous revenir sur cette rencontre et ce qui vous a poussé à agir ?
Lorsque nous sommes allés à Bagan en Birmanie en octobre dernier, une de nos amies nous a demandé d’aller faire un coucou et d’apporter un peu d’argent à Bobo et sa famille. Elle avait été plusieurs fois en Birmanie et s’était liée avec cette famille. Bobo était son conducteur de carriole pour visiter les temples de la ville. Entre temps cette famille a été victime de gens mal intentionnés et a tout perdu (maison, outil de travail…). Nous avons été touché par leur sort et avons décidé de les aider en lançant une collecte sur notre site internet, afin d’acheter un cheval et une carriole à Bobo. L’objectif est de les aider à sortir non pas de la pauvreté, mais de la misère. Bobo va pouvoir générer un revenu supplémentaire en plus de ceux de son fils et de sa fille. Et retrouver aussi fierté et dignité. Les sortir de la pauvreté demanderait beaucoup plus, mais avec ce cheval, la famille pourra améliorer son quotidien. Notre collecte a atteint à ce jour environ 900€. Si les lecteurs du blog TripAdvisor veulent faire une bonne action, même quelques euros, il est encore temps. Il suffit pour cela d’aller sur la page d’accueil de notre site internet : http://www.voirlemonde.fr
Quels sont vos projets à votre retour ?
Profiter de nos familles et proches et de toutes ces choses qui nous ont manqué… Et si nous avons le temps (et encore un peu de sous !) pourquoi ne pas repartir sur la route quelques semaines pour aller voir nos amis en France et en Europe notamment ceux que nous avons rencontrés sur la route. Nous devons aussi faire la partie transsibérien (Russie – Mongolie – Chine) que nous avons dû annuler du fait du volcan islandais l’année dernière. Et enfin, préparer notre départ à l’étranger et y trouver du travail. Il nous faudra aussi trouver du temps pour digérer ce voyage, trier nos milliers de photos, remettre de l’ordre dans nos souvenirs…
Ce tour du monde va-t-il profondément changer votre mode de vie, vos aspirations ? En quels termes ?
Une telle expérience ne peut pas laisser indemne, c’est certain. Mais dans quelle mesure va-t-elle impacter nos vies, difficile à dire. Nous pensons que cela va affirmer des choses et désirs que nous avions déjà profondément en nous. Rendez-vous dans quelques mois pour voir dans quelle mesure ce tour du monde nous aura mis sur de nouveaux rails.
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Merci pour cette interview et encore bravo à vous d’être allés au bout de ce rêve ! Si vous voulez découvrir les aventures, récits, photos ou mini guides de nos aventuriers c’est sur leur très beau blog que ça se passe !